La violence est partout

BD Mafalda et la paix

Dans notre dernière infolettre (https://tinyurl.com/458nx957), nous avons évoqué un sujet qui nous inquiète fortement aujourd’hui: la montée de la violence. Il semble que nous sommes tous et toutes d’accord à dire que la violence est très répandue.

Néanmoins, il faut noter que la violence est un phénomène très médiatisé et cela nous permet de réaliser rapidement et constamment qu’il y a des guerres ou que la criminalité augmente. Mais le constat dont nous parlons réfère aussi à une violence qui est beaucoup moins présente dans les médias et qui est très rarement considérée comme telle.

Reconnaître la violence
Il semblerait, d’ailleurs, qu’il est plus facile de remarquer la violence quand elle se trouve loin de nous. Force brutale des coups ou des armes, violence officielle ou non, ponctuelle ou constante. Dans ces cas-là, l’observateur ou l’observatrice de la violence peut ainsi s’autoriser à l’analyser, voire à explorer ses origines et même à s’indigner et se révolter contre elle. Bref, à faire d’elle un sujet de débat, de conversation ou de manifestation solidaire à distance.

En revanche, ce qui n’est pas évident est d’identifier la violence qui existe plus proche de nous ou parmi nous. Celle que nous produisons ou tolérons. Soit, on ne la voit pas, car elle est tellement intégrée à nos vies, qu’elle s’évade à nos regards. Soit, on ne veut pas la voir, parce que dérangeante et honteuse à notre civilité. On cède ainsi, par confort, à croire que la violence est circonscrite aux médias, aux jeux vidéo, parfois aux certains sports. Ou, encore pire, à certains quartiers. Pourtant, elle est là, plus proche de ce que l’on croit. Peu importe le quartier ou l’activité que nous réalisons, elle est là, presque omniprésente.

C’est quoi alors la violence?
Il va falloir prendre quelques repères afin d’essayer à mieux reconnaître la violence. Un terme qui semble contenir tellement de choses dans ses contours qui le rendent difficile à saisir. Il faut noter, également, que nous ne prétendons pas apporter des conclusions définitives à propos de la violence. Ce que nous cherchons c’est plutôt de contribuer à une réflexion partagée avec vous autour d’un sujet qui nous inquiète tous et toutes.

Combien de ces formes de violence avez-vous vécu dans vos échanges ordinaires? Souvent, la violence s’exerce par une personne sur une autre personne. Il existe aussi fréquemment une intention, celle de nous briser, de nous maîtriser. Même si parfois la violence s’exerce à travers la force physique, « son efficacité est plutôt psychologique » nous rappelle Alain Billecoq (2018)*. La violence cherche à nous réduire à « une chose » où l’humain est pris comme moyen plutôt que comme finalité, « moyen en vue des intérêts de l’autre », ajoute cet auteur.

Repérer toute la multiplicité de formes de violence parmi nous n’est peut-être pas facile à faire. Les cris, les insultes, les frappes, la moquerie, le reproche gratuit, la critique dénigrante, mais aussi les manières plus subtiles comme les manipulations, les paroles nuisibles, les attitudes autoritaires ou condescendantes, les favoritismes… sont présentes toutes mélangées. Il est certainement plus simple de regarder ailleurs ou de maquiller nos gestes et de nous convaincre naïvement qu’il était seulement « un petit geste involontaire », « très court », « un petit demi-tour sur les traverses piétonnes avec mon petit SUV », voire rien. Pourtant, ce qui reste toujours c’est l’impact sur nos esprits. Il est donc nécessaire d’apprendre à nous regarder de manière plus honnête et de commencer à reconnaître ce que nous tolérons, avant que les conséquences émergent.

Dans un système qui prône la concurrence individualiste et la quête infinie pour satisfaire des besoins infinis, dans une logique où la course narcissique pour aller plus vite, plus haut, plus loin est devenue le mot d’ordre et dans une culture où l’on privilégie l’autonomie à la coopération, comment peut-on alors cultiver la vraie empathie, la bienveillance honnête, le dialogue ouvert, l’écoute attentive?

Le Centre MGL vous propose une diversité d’activités inspirées des approches alternatives qui cherchent à faire prévaloir une communication consciente, une attention empathique à autrui, à cultiver une réponse pratique et réfléchie aux impératifs d’une société bizarrement accélérée où sa logique concurrentielle est source de plusieurs formes de violence que nous percevons difficilement comme telle ou que simplement ne sommes plus capables de les reconnaître. Au Centre MGL nous œuvrons pour une éducation à la paix basée sur une prise de conscience des gestes violents, à les identifier, à les contrôler et à guérir de ses impacts si cela est possible.

Ricardo Vidal – Responsable des communications – Centre MGL

Image : Mafalda – Intégrale, Quino – Glénat, 2019

*Alain Billecoq, La violence, dans L’enseignement philosophique, 2018/2 pp. 59-64. DOI 10.3917/eph.682.0059